Argolight, une start-up issue du campus

Un produit made in France à forte valeur ajoutée et unique au monde. Voilà ce que propose Argolight, installée dans le bâtiment de l’Institut d’optique d’Aquitaine à Talence. Mis à l’honneur dans le magazine Entreprendre du mois de février dans la catégorie innovateurs de l’année, cette jeune start-up produit des lames de verre servant à étalonner certains microscopes.

  • 05/10/2015

Argolight - Arnaud Royon et Gautier Papon Argolight - Arnaud Royon et Gautier Papon

Derrière le nom Argolight se cachent deux anciens étudiants de l’université de Bordeaux. Le premier Arnaud Royon (Ar), 32 ans, a fait toutes ses études sur le campus : licence et maîtrise en physique et applications, master lasers, matière et nanosciences, une thèse en cotutelle entre l’université de Bordeaux et l’université de Central Florida, à Orlando aux États-Unis. Il est aujourd’hui plus spécifiquement en charge de la partie R&D. Le deuxième Gautier Papon (go), 27 ans, après une licence en physique à Pau, un master Conception, utilisation et commercialisation de l'instrumentation en physique (Cuciphy) et une thèse au Laboratoire ondes et matière d’Aquitaine (Loma), traite plus des questions de gestion et commercialisation. Le tout (Argo) forme donc une équipe complémentaire ayant mis au point une lame d’étalonnage pour les microscopes de fluorescence.

Ces instruments permettent de visualiser des objets qui sont naturellement fluorescents ou rendus fluorescents (molécules, cellules…). Prenons par exemple une biopsie d’un patient atteint de tumeurs cancéreuses. Pour suivre l’évolution des cellules sur plusieurs mois, voire même plusieurs années, il est nécessaire que le microscope soit parfaitement étalonné et réglé afin de ne pas fausser les résultats. La lame d’étalonnage, proposée par l’entreprise bordelaise, est constituée d’un verre – Argoglass – aux propriétés particulières. Il est en effet possible « d’induire à l’intérieur des motifs fluorescents, d’intensités et de formes différentes, à l’aide d’un ou plusieurs lasers » explique Arnaud Royon.

Lame d'Argolight

Si le motif dessiné est un quadrillage (un des motifs les plus simples), et qu’au microscope, ces lignes sont déformées, cela signifie que cet appareil est mal réglé et/ou défectueux. La lame propose ainsi des tests, du plus simple au plus complexe, permettant de diagnostiquer intégralement l’état du microscope. Cette technologie unique au monde représente une évolution importante dans l’étalonnage de ces microscopes qui nécessite d’ordinaire 7 ou 8 outils différents pour un résultat moindre.

Issu d’un brevet de l’université de Bordeaux

« La technologie sur laquelle est basée Argolight a été développée au Loma(pour la partie lasers) et à l’Institut de chimie et de la matière condensée de Bordeaux - ICMCB- (pour le verre) il y a sept ans environ » précise Gautier Papon. L’idée de départ était plutôt d’utiliser la technologie pour le stockage pérenne d’information, mais finalement la technologie s’est révélée plus intéressante pour l’étalonnage des microscopes de fluorescence. Un brevet a d’ailleurs été déposé en 2010 dont ils sont co-inventeurs avec six autres chercheurs de l’université de Bordeaux.
Gautier Papon a alors l’idée de faire une mini-étude de marché pour voir si le concept est exploitable. Le résultat étant positif, il a commencé à travailler avec l’Incubateur régional Régional d’Aquitaine (IRA) et la Société d'accélération du transfert de technologies de la région Aquitaine (SATT Aquitaine science transfert) et a demandé à Arnaud Royon de le rejoindre sur le projet. Après 18 mois à l’incubateur, ils se sont lancés grâce à des fonds propres fin 2012 « avec un produit quasi-commercialisable ». En novembre dernier, ils ont réussi une levée de fonds de 370 000 euros d’investisseurs privés, à laquelle s’ajoutent des aides de la Région et de la Banque public d’investissement (BPI). Ils ont pu alors s’installer dans la pépinière d’entreprises de l’Institut d’optique d’Aquitaine, acheter de nouveaux matériels et embaucher deux personnes supplémentaires.
La création d’une lame Argolight nécessite environ 3 semaines pour un coût unitaire de 5 000 euros. 60 % de leur clientèle (laboratoires et plateformes de recherche, industries pharmaceutiques…) est à l’étranger. Ils se concentrent aujourd’hui sur l’axe des biosciences avec l’étalonnage des appareils à fluorescence, mais d’autres applications pourraient émaner de cette technologie plus tard. « Nous sommes aujourd’hui heureux d’avoir réussi à monter une entreprise industrielle, avec un produit made in France de A à Z, à forte valeur ajoutée. On a même pu créer des emplois ».

Gautier Papon concourt actuellement pour le prix du Jeune Entrepreneur La Tribune mettant en lumière les « Jeunes » qui créent une entreprise. Rendez-vous sur cette page pour le soutenir.