« L’université de Bordeaux a sa place dans l’écosystème de l’innovation »

Quels sont les enjeux de la recherche de demain ? Comment s’articulent recherche et innovation ? Quels sont les outils dont nous disposons ? Trois questions à Eric Papon, vice-président délégué à l’innovation.

  • 22/10/2015

Eric Papon © Université de Bordeaux Eric Papon © Université de Bordeaux

Les enjeux de la recherche de demain

L’université a pour mission principale de faire progresser les savoirs les plus fondamentaux.
Si la recherche doit correspondre aux enjeux sociétaux sous forme d’un produit ou d’un service, elle doit être aussi plus « risquée » : les chercheurs doivent garder la liberté de proposer des recherches qui n’ont pas forcément de lien avec un marché. Cet état d’esprit est la culture même du chercheur universitaire. Mais l’équilibre n’est pas simple. Aujourd’hui encore, la recherche académique qui fait l’objet de publications dans des revues est bien plus reconnue que celle qui conduit à du transfert ou de la valorisation. Or la recherche de demain se situe à la croisée des chemins entre les savoirs les plus fondamentaux et les verrous technologiques ou sociétaux identifiés. Nous devons arriver à mieux traduire les demandes du monde socio-économique tout en gardant une certaine liberté. Pour en arriver là, il faut trouver une organisation harmonieuse entre tous les acteurs. A terme, il est certain qu’il faut aller vers plus de valorisation par le transfert.

L’articulation entre  recherche et innovation 

Justement, l’innovation se situe au point de rencontre entre les projets nés au sein des unités de recherche et les besoins identifiés du marché.

Nous avons la chance à l’université de Bordeaux d’avoir une excellence scientifique multidisciplinaire. C’est une grande richesse en termes de valorisation. Car l’innovation ne concerne pas seulement la mise au point de nouvelles molécules ou de nouveaux systèmes d’information ! Je pense au dynamisme de structures telles que ViaInno, le GRPLab ou encore notre MOOC sur l’économie de l’innovation. Nous devons continuer à encourager et soutenir ces initiatives et affirmer notre volonté d’innover.  
L’université n’ayant pas la mission d’atteindre les marchés, notre devoir est d’accompagner du mieux possible tous les chercheurs qui souhaitent pénétrer concrètement le milieu socio-économique, c’est le sens de ma fonction de vice-président délégué à l’innovation. Je suis accompagné pour cela par Fabrice Laturelle, chargé de mission à la direction de la stratégie d’Herakles (Safran), détaché à l'université de Bordeaux. Ensembles, assistés par Aurore Cravello, nous mettons en place des procédures dont le but est d’accompagner les porteurs de projets pour accéder à des niveaux de maturité plus importants et de trouver les meilleurs interlocuteurs pour les renforcer.  

A propos des outils au service de l’innovation

Les outils dépendent de la sensibilité du chercheur et de la maturité des projets. Il s’agit de choisir le meilleur acteur, interne ou externe pour accompagner chacun. L’écosystème de l’innovation est segmenté en différentes structures : les agences de développements, les incubateurs, et les nouveaux dispositifs qui ont fait leur apparition au moment du programme des Investissements d’Avenir comme les Instituts de Recherche Technologiques ou les Sociétés d’Accélération de Transfert de Technologies (SATT) : ces structures interviennent à différents niveaux de maturité plus élevés que ceux couverts par l’université … Nous travaillons beaucoup avec Aquitaine Sciences Transfert dont nous sommes actionnaire. Au cœur de cet écosystème, l’université doit rester la garante d’une recherche pour l’amélioration des savoirs tout en s’intéressant aux demandes socio-économiques. Nous devons avoir une politique d’accompagnement, de suivi et de veille pour se préparer aux grands défis de demain.